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Les communautés d’apprentissage

Le poulpe vous cause souvent pédagogies collaboratives, comme par exemple. Or, le niveau supérieur de l’apprentissage collectif, c’est la constitution de communautés dont le but est d’apprendre ensemble. Elles sont appelées « communautés d’apprentissage » ou « communautés de pratiques ».

L’économie de la connaissance, dans laquelle nous évoluons aujourd’hui, chérit l’innovation, la créativité. Or les communautés de pratiques peuvent amener une plus grande flexibilité dans le management des connaissances.

Il est vrai que ces communautés ont existé de tous temps. Cependant, sous leur forme contemporaine et nommées comme telles, elles sont décrites depuis les années 1990 et ont depuis bien évolué. Ce qui est intéressant, c’est qu’elles partent des travailleurs auto-organisés, pour aujourd’hui être un enjeu managérial. Les spécialistes ont alors observé la création de structures hybrides appelées « communautés de pratiques pilotées » qui partent, elles, d’une volonté et d’un guidage hiérarchique. A l’ère du numérique, certaines se nomment maintenant « communautés de pratiques virtuelles », facilitées par de nombreux outils : wiki, open source, fablabs… La tendance actuelle du co-working facilite aussi grandement cette construction de groupes dédiés à l’apprentissage.

Revenons aux termes :

« Communauté » : une « communauté » rassemble des individus qui restent unis malgré les divisions, en opposition à une « société » dans laquelle les individus restent divisés malgré l’unification (Laville, 2007). Il s’agit donc ici de souligner la présence d’un dénominateur commun fort et unifiant, un point commun qui est incontestable, qu’il soit institutionnel ou non. D’ailleurs, les typologies des communautés de pratiques existantes sont très divers : une entreprise, un secteur, un métier, un territoire, un même donneur d’ordre…

« Pratiques » : c’est le « faire », les « actions » directement liées à un métier, un rôle ou même une activité ; et reliées à un contexte historique et social. Ainsi les échanges, les réflexions autour de ces pratiques mènent à un processus d’apprentissage.

De (très) nombreuses définitions ou conditions pour définir une communauté de pratiques ont été défendues. Le poulpe vous en livre sa version condensée maison :

  • Un domaine / une pratique commun·e avec horizontalité des relations
  • Un mode de partage facile et souple avec libre investissement
  • Une fonction de sociabilisation et d’identification
  • Une matière concrète: partage d’expériences, d’outils dans le but d’une résolution de problème

Etienne et Beverly Wenger-Trayner la définissent ainsi : «un groupe de personnes qui partagent une préoccupation ou une passion à propos de quelque chose qu’elles font, et qui apprennent à le faire mieux en interagissant régulièrement ».

Le poulpe aime cette vision qui dépasse l’approche de l’individu en tant qu’amas de compétences et de l’organisation comme un ensemble qui bloque les intérêts individuels. Une communauté de pratiques apprend par l’intérêt mutuel et le désir de sociabilisation.

Nous l’avions déjà évoqué ici, ces communautés nous intéressent particulièrement en tant que dispositif de formation ou prolongement de celui-ci.

Pourquoi mettre en place une communauté d’apprentissage ?

Isabelle Quentin (2012) liste ici 9 grandes utilités des communautés de pratique, qui peuvent être combinées.

Par ailleurs, si elle doit venir d’une initiative hiérarchique, cela devra forcément prendre place au sein d’une organisation dite « apprenante ». Pourquoi pas sous la bienveillance d’un « sponsor » (relais stratégique de la communauté qui peut la promouvoir en interne et en externe).

Comment faire pour initier une communauté d’apprentissage ?

Bien entendu, cela ne s’improvise pas, il est nécessaire de le penser en amont, dès la construction du dispositif de formation.

Tout d’abord, un but commun possible, un sens doit émerger.

Voici quelques conseils :

    • identifier un groupe moteur dont le nombre et le profil des membres sont à définir

    • identifier et former un ou plusieurs animateurs à qui on va disposer le temps nécessaire pour cette tâche
    • initier le projet par une démarche de co-design avec les futurs membres réunis. Elle devra faire émerger des objectifs SMART, les indicateurs de performance et de suivi, le dispositif d’évaluation, les principes de fonctionnement et les modes de collaboration, les conditions d’adhésion, ainsi que les rôles respectifs.
    • proposer des activités qui vont aider à la création/ la continuité de liens socio-affectifs (confiance, reconnaissance, animation)
    • choisir l’outil le plus adapté pour les échanges et le partage (numérique et/ou non)
    • penser au lien entre communauté et son entreprise (grâce au « sponsor » par exemple) afin de valoriser l’initiative et les résultats
    • penser à faire accompagner le changement vers cette approche transversale et collaborative, en révélant les forces négatives et positives en présence

 

Comment savoir si une communauté d’apprentissage est bien formée ? Comment les distinguer d’un groupe de personnes qui apprend ensemble ?

Trois attitudes fondamentales peuvent alors s’observer comme le décrit l’université de Laval (ici pour une analyse complète) : l’attention, le dialogue et l’entraide.

Comme vous le voyez, les conditions socio-affectives occupent une place majeure dans la vie et la réussite d’une communauté d’apprentissage. Le besoin d’ingénierie pédagogique sérieuse peut être crucial pour sécuriser certaines créations de communautés de pratiques. Notamment, l’accompagnement au changement nous parait constituer un processus majeur qui demande temps et investissement de toutes les parties concernées. Le poulpe s’inscrit avec joie dans ces démarches tentaculaires !

 

Cet article s’inspire du mémoire professionnel de Valérie Baudhuin intitulé « Préconisations sur la mise en place de communautés de pratique et leur animation à distance ». Valérie a travaillé chez nous sur ce sujet.